mercredi 26 août 2020

                   Je n'ai pas résisté! L'appel des hauteurs a été le plus fort...Ce fut comme une préparation symbolique. La veille, dormir en un lieu au nom puissant ''Rifugio de la pace'', le Refuge de la paix! 

A la tombée du jour, après une délicieuse assiette de pâtes à l'italienne, je suis parti sur le chemin, histoire comme ça, avant  de m'endormir avec le coucher de soleil à 2000m au dessus du niveau de la mer...

A sept heures j'étais parti. Pas de soleil encore, il était de ce côté moins matinal que moi! L'ombre était fraîche, j'avais seulement une polaire au dessus du gaminet (ah ah!! j'ai découvert avec plaisir ce mot inconnu de moi pour dire maillot de corps, ti cheurte) et sac léger. 

    Le début de la pente est en douceur. Les dernières absinthes parfument le chemin. De quoi se mettre en jambes. Déjà la route du col de la Maddalena s'estompe vite. Le silence s'installe. J'essaie de marcher sans bruits, évitant les pierres qui rouleraient volontiers. Au bout d'une heure je suis ailleurs. Tout est oublié. De tout côté, les herbes bien jaunies, des chardons secs, des achillées grillées, des joubarbes entre les caillasses. Le ruisseau cascade et laisse sur ses bords des havres de verdure qui s'élargissent au fur et à mesure que je gagne en altitude et m'enfonce dans les profondeurs de la montagne.

J'aime ces moments de marche où je n'ai comme horizon que le mystère. Qu'y-a-t-il derrière le mamelon, la crête, les blocs de rocher à contourner? 

           De pas en pas j'avance, les premières marmottes se chauffent au premiers rayons. A peine inquiètes de mon passage. Le premier replat amène la surprise. En contrebas, un lac. Langoureusement allongé. Une tente autour de laquelle s'affairent deux randonneurs bientôt prêts à cheminer aussi. Le paysage est grandiose, montagnes déchiquetées, éboulis gargantuesques, replats et collines arrondies comme un vaste corps étendu. Les alchémilles brillent des gouttes rosée et un aconit au bleu de ciel sombre me cligne de l’œil! Les sorcières et sorciers ne sont pas loin sous le ciel. Je repense à ce contrebandier trafiquant de fleurs interdites croisé à des hauteurs semblables voici quelques années...

Un panneau se dessine au loin. Probablement le col. Une frontière. Mais qui s'en soucie? Les pauvres d'esprit qui s'approprient la montagne sont loin. Les derniers mètres. Une indication: 2505 mètres, colle di Roburent. Avant la pause, histoire de réfléchir au chemin à suivre -redescendre par le même itinéraire et ses variantes ou continuer un peu?- je poursuis trois minutes vers cet horizon bleu noir de montagnes lointaines. 

           Et c'est l'éblouissement! Le lac à mes pieds...Une merveille!!! J'en reste coi. 

            Je passerai là une petite heure à contempler, laisser le soleil changer les ombres, m'apercevoir que deux autres matinaux sont aussi émerveillés que moi, tapis dans les rochers qui dominent le lac.

La redescente je la ferai sur l'autre versant. D'autres lacs, un troupeau de brebis, son berger et son cheval. Plus bas, les mélèzes. Un autre monde...

Arca de seda -arc en ciel

Arca de seda -arc en ciel
les légendes des plantes