dimanche 23 août 2020

             Ce matin, après avoir ramassé mes racines de gentiane -histoire de préparer et mes petits vins et mes préparations plus médicinales- je me suis laissé tenter par l'appel des hauteurs!

Au loin, les Archers me faisaient signe. Voilà longtemps que je n'étais monté jusque là. Arrivé au pied, sous les cris des marmottes qui se doraient aux premiers soleils, l'envie d'aller jeter un œil sur l'autre versant du col de Plata Counti (le Plate Contier des cartes géographiques qui francisent à qui mieux mieux) me décida pour la grimpette. Là, au col, ce fut la première halte. A 1900 m d'altitude  sous un pin à crochets et sur un lit de raisins d'ours (les busseroles) je me laissais aller à la béatitude. Les corneilles jouaient à qui mieux mieux dans les courants d'air, les nuées venant du versant Alpes du nord s'écoulaient en torrents vertigineux par la moindre des trouées pour s'effilocher aussitôt dans les pentes caillouteuses et les chamois brillaient par leur absence! Les sonnailles des vaches, dans le fond du vallon se répondaient en paisibles notes.

    Des randonneurs parlant haut me firent choisir de filer par en bas...pour mieux remonter au col suivant, le Col du Vallon. Entre temps j'avais traversé des bandes de vaches étonnées, bu l'eau fraîche d'un ruisseau et dégusté des framboises!  Au col je changeai à nouveau de versant, l'appel du sud, de sa montagne moins froide. Les criquets et sauterelles se faisaient la fête et je pariais à chaque pas quant à savoir si celle qui volait devant moi serait bleue ou rouge...Une sieste s'imposait. Bercé par les pins qui se balançaient sous le bleu du ciel je ne tardai pas à m'endormir. Je ne fus pas dérangé par les randonneurs, depuis le col précédent je n'en n'avais vu aucun! 

        Dans la rase qui se faisait étroite j'hésitai. Filer vers le col du Lauteret c'était risquer de me trouver nez à nez avec les bandes de cliqueteurs bruyants. J'entends par là  ces gens armés de bâtons métalliques et qui, comme des pies, jacassent à chaque pas!

Cette non envie me fit choisir la pente. Raide. Deux poses sous des vieux pins aux formes fantomatiques pour contempler le paysage de l'ouest, vers les préalpes doucettes de la Drôme (le Vercors) et reprendre haleine et enfin, le col. Celui du Grand Vallon, de l'autre côté des Archers, justement. 

    Comment ne pas s'arrêter là!! A l'est, le formidable bastion de le montagne de Bure et les crêtes d'Aurouze qui firent tant rêver Beatriz de Die ne me laissent jamais indifférent. Tout en bas, le village de La Cluse est comme  une infime trace humaine, fourmilière déserte, ou presque. Sous le vent joueur les odeurs jouaient elles aussi! M'as-tu reconnu? Hop, je suis partie! Et moi? ...Mon nez en frétillait d'aise tandis que le bleu des catananches ponctuait les herbes.

Il me fallait bien redescendre pourtant. Rejoindre les drailles des troupeaux, les passages des randonneurs. Un aigle vint à passer, magnifique planeur. C'était le signe peut-être. La dernière halte fut sous ce sorbier aux fruits rougissants que mon œil avait repéré depuis un bon moment, puis l'enfoncée sous les fayards bien verts encore et le glou glou du torrent avant de rejoindre la piste forestière. 

                         Simple comme un bonheur que l'on se donne, cette journée!! Je vous en souhaite autant à toutes et tous!

Arca de seda -arc en ciel

Arca de seda -arc en ciel
les légendes des plantes