Deux journées de balades contées autour du végétal dans le Dévoluy, massif magnifique des Hautes-Alpes...
Entre marmottes et fleurs, massifs de pierre impressionnant et combes fraîches au long d'un ruisseau j'avais tout ce qu'il me fallait pour me sentir en équilibre avec le monde! D'autant plus que celles et ceux qui m'ont accompagné à chaque balade étaient soit des amoureux de ces paysages soit des novices qui ne demandaient qu'à s'émerveiller.
De l'absinthe en fleur débordante de vitalité dans la caillasse brûlante de soleil (à 1600-1800 m d'altitude) à la discrète euphraise (la casse-lunette de la montagne) nous avons croisé toutes ces plantes à histoires qui se sont fait un plaisir de se pencher vers nous et de nous raconter leurs aventures millénaires au côté des humains. Un régal de gentianes, plantains, fougères, raisin d'ours, cytises et sureaux rouges pour ne parler que d'elles mais je n'aurai garde d'oublier les vautours, chamois et marmottes.
Si vous ne connaissez pas encore ce massif, au nord de Veynes (gare sncf) n'attendez pas, partez à l'aventure, vous ne regretterez pas! De retour à la maison je vous raconterai comment une des plus fameuses trobaritz (femme troubadour du 12ème siècle en langue d'oc) en a été émue et a écrit de si magnifiques poèmes!
Son nom? La comtesse de Die (Beatriz de Die).
Grande peine m'est advenue
Pour un chevalier que j'ai eu,
Je veux qu'en tous les temps l'on sache
Comment moi, je l'ai tant aimé;
Et maintenant je suis trahie,
Car je lui refusais l'amour,
J'étais pourtant en grand'folie
Au lit comme toute vêtue.
Combien voudrait mon chevalier
Tenir un soir dans mes bras nus,
Pour lui seul, il serait comblé,
Je ferais coussin de mes hanches;
Car je m'en suis bien plus éprise
Que ne fut Flore de Blanchefleur.
Mon amour et mon coeur lui donne,
Mon âme, mes yeux, et ma vie.
Bel ami, si plaisant et bon,
Si vous retrouve en mon pouvoir
Et me couche avec vous un soir
Et d'amour vous donne un baiser,
Nul plaisir ne sera meilleur
Que vous, en place de mari,
Sachez-le, si vous promettez
De faire tout ce que je voudrais.
Estat ai en greu cossirier
per un cavallier q'ai agut,
e voill sia totz temps saubut
cum eu l'ai amat a sorbrier;
ara vei q'ieu sui trahida
car eu non li donei m'amor,
don ai estat en gran error
en lieig quand sui vestida.
Ben volria mon cavalier
tener un ser e mos bratz nut
q'el s'en tengra per ereubut
sol q'a lui fezes cosseiller;
car plus m'en sui abellida
no fetz Floris de Blanchaflor:
eu l'autrei mon cor e m'amor
mon sen, mos houills e ma vida.
Bels amics avinens e bos,
cora.us tenrai en mon poder?
e que jagues ab vos un ser
e qu'ie.us des un bais amoros;
sapchatz, gran talen n'auria
qu'ie.us tengues en luoc del marit,
ab so que m'aguessetz plevit
de far tot so qu qu'ieu volria.